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1891 à Laître-sous-Amance : un assassinat mystérieux - Amance en Lorraine
Sur son acte de naissance le 13 août 1854 : Adlar. J'avais, il y a longtemps, entendu parler de cette affaire, et je suis tombé dessus un peu par hasard, en explorant les journaux mis en ligne su...
http://amance.over-blog.com/2018/05/1891-a-laitre-sous-amance-un-assassinat-mysterieux.html
Le détail de l'affaire
Est Républicain 7 mars 1892
Laitre-sous-Amance
Carnaval macabre simulant un empoisonnement et une exécution.— On nous écrit : « Dimanche dernier, dans l'après-midi, les jeunes gens, de Laître-sous-Amance, ont célébré le carnaval façon assez macabre, mais qui avait le mérite de rappeler une triste affaire que tous nos lecteurs ont encore présente à la mémoire.
« Plusieurs jeunes hommes masqués et vêtus d'accoutrements divers allumèrent du feu dans la rue, prirent une marmite dans laquelle ils furent censés faire la soupe. « Quand le potage fut à point, ils partirent pour une promenade dans le village. Pendant ce temps, deux masques habillés en femme regardaient si les promeneurs ne revenaient pas, afin qu'un autre masque qui jeta du poison dans le potage ne fût pas aperçu d
« Quand les cuisiniers revinrent, ils s'attablèrent et dînèrent. Tout à coup, tous simulèrent des coliques et l'un eux tomba comme frappé à mort.
Aussitôt, grande rumeur, commérages et accusations à n'en plus finir. « Les choses en étaient là lorsque deux masques habillés en gendarmes arrivèrent à cheval. Une enquête fut ouverte et aboutit à l'arrestation de celui qui avait empoisonné le dîner. Après maint interrogatoire passé devant un masque habillé en juge le condamné fut mené devant un tribunal composé de masques portant des habits de juges.
L'affaire fut instruite dans toutes les formes et aboutit à la condamnation à mort de l'inculpé. Alors les jeunes gens allèrent chercher un mannequin préparé pour la circonstance. « Le cou du mannequin était formé d'une betterave évidée dans laquelle se trouvait un boyau rempli de sang. Le mannequin fut amené sur la « place de la Roquette1 » de Laître, avec tout le cérémonial d’une exécution. On le plaça sur un billot et en lui coupa le cou avec une hache qui fit jaillir le sang.
« Après cette cérémonie d'un goût douteux, les masques achevèrent la journée en se répandant dans les cafés et en absorbant force « bocks. »
Est Républicain 25 mars 1892
Le carnaval de Laître-sous-Amance.
Nos lecteurs se rappellent que nous avons parlé du carnaval de Laître-sous-Amance, parodiant un empoisonnement et l'exécution du coupable.
A ce sujet, voici une sorte de complainte qui circule dans Laître. Les rimes n'en sont pas riches, les fautes de prosodie en sont nombreuses ; nous ne la donnons donc qu'à titre de curiosité.
(Air du Juif-Errant)
C'était au carnaval ;
Les jeunes gens de Laitre
Voulant sans aucun mal,
Il faut le reconnaître,
Voulant donc s'amuser,
Eurent une fameuse idée.
Or, dans notre village,
Au courant de l'été,
Le maire, homme fort sage,
Etait empoisonné.
Ce crime, mes amis, ,
Est resté impuni.
Cet horrible forfait,
Dont on a tant parlé,
A fourni le sujet
D'un cortège manqué.
Nous allons raconter
Comment cela s'est passé.
Au milieu de la route,
Montée sur un trépied ;
Une marmite de soupe
Avait été placée.
L'épouse de la victime
Y faisait la cuisine
Mais pendant son absence
Voici l'empoisonneur ;
Vivement il s'avance,
Ayant la haine au coeur.
Et le fatal paquet
Dans le pot est jeté.
A peine la victime
Eut-elle pris son repas, e
Que la fatale cuisine
Lui chargea l'estomac.
En proie à la colique
II meurt par l'arsenic.
Mais par le garde champêtre
Les gendarmes prévenus
Viennent saisir le traître
Qui se voit bien perdu.
Ils l’emmènent garrotté
Afin qu'il soit jugé.
Dans l'interrogatoire,
Il nie ce qu'il a fait ;
Mais le réquisitoire
Dénonce son forfait,
Et messieurs les jurés
A mort l'ont condamné.
La fatale toilette
Est faite par le bourreau
La lugubre charrette
Marche vers l'échafaud.
Le juge alors s’avance
Pour lire la sentence,
La tête sur le billot
Le coupable est placé.
Le bourreau aussitôt
Abaisse le couperet
La tête ensanglantée
Tombe dans le panier.
Dans cette affaire comme
Aucun ne fut nommé
Pourtant quelques personnes
Se crurent désignées.
Or, puisqu'elles n'ont rien fait !
Pourquoi donc s'alarmer.
Célestin BOURCY.
1Lieu d’installation de la guillotine à Paris