Polémique entre journaux à propos d'un sermon à Amance

Les deux journaux sont "L'espérance", d'inspiration catholique libérale, qui paraît de 1840 à 1898 et le Patriote, d'inspiration progressiste (anticléricale ?), créé en 1832 et suspendu après le coup d'État du 2 décembre 1851.

La polémique, bien innocente, porte sur le contenu d'un sermon du curé d'Amance.

Je n'ai que la version de L'Espérance, publiée le 25 février 1845 :

Amance, le 23 février 1845.

Monsieur le Rédacteur,

C’est avec la plus grande surprise que les habitants d’Amance ont appris que le Patriote s’occupait de leur curé, dans son numéro du 18 de ce mois; permettez-moi, Monsieur, de redresser les mal veillantes insinuations de ce journal. On accuse M. le curé de s’être distingué par la fougue et la crudité de ses sermons anti-carnavalesques. Depuis bientôt 16 ans que M. le curé¹ est notre pasteur, nous n'avons jamais remarqué ni fougue ni crudité dans ses sermons. M. le curé ayant appris que deux jeunes garçons s’étaient métamorphosés en ours, et prévoyant les suites funestes que pouvait occasionner ce costume, a dit fort paisiblement en chaire, avant la lecture du mandement : « Ayant appris qu’une espèce de bêle sauvage parcourt les rues pendant le jour, je crois qu’il est bon de vous prévenir afin que vous fermiez vos portes ; j’engage surtout les parents à ne pas laisser sortir leurs enfants. » Ces paroles ont provoqué un sourire qui a été compris par ceux qui en étaient l’objet, ils en ont ri eux-mêmes tout en en profitant. Peut- on conclure d’une telle plaisanterie que M. le curé d’Amance traite, comme le dit le Patriote, de sauvages les paisibles habitants de sa commune ?

Un habitant d’Amance.

1Élie André, curé de 1829 à 1857